Il voulait escagasser, quelqu’un ou quelque chose, peu importait, il voulait escagasser quelqu’un ou quelque chose parce que le mot « escagasser » l’agaçait à tel point que seulement une destruction totale de quelqu’un ou de quelque chose aurait pu lui apporter le soulagement de ne plus vouloir escagasser quelqu’un ou quelque chose.
Il aurait fallu mieux remuer ses méninges pour trouver quelqu’un ou quelque chose à escagasser, mais ses méninges ne remuaient plus depuis le moment où le désir d’escagasser quelqu’un ou quelque chose avait pris possession de l’ensemble de ses mêmes méninges qu’il voulait tant remuer.
Et à force de trop vouloir remuer ses méninges, il finissait par envoyer balader les rares neurones qui arrivaient à percer la dure carcasse de sa cervelle. Escagasser, parce que le mot « escagasser » n’escagasse rien…
Mais ses rêves de baladeur destructeur n’avaient pas complètement zappé les tendresses de ce monde : l’histoire de Zbor le mentor de Thor l’émouvait jusqu’aux tréfonds de ses narines, la variante espagnole de Sboros mentoros de Thoros le plongeait dans une galère émotionnelle que seuls les chevaux de Troie devant les superpouvoirs du Norton Antivirus avaient pu connaître.
Émotions et destructions allant de pair en crescendo, ne sachant plus quoi faire de cette psychose mobile, débile et indélébile, il finit par s’escagasser lui-même pour se prouver que le mot « escagasser » finira toujours, tout seul, par escagasser quelqu’un ou quelque chose.
Texte recompensé à l’édition 2010 du concours Dis-moi dix mots.